[Article initialement publié sur l’ancien blog en juin 2014]
Le Parisien Magazine est un supplément au quotidien Le Parisien daté du vendredi de chaque semaine. Pour vendre un maximum d’exemplaires, il faut d’abord faire parler de soi. Pour cela, on peut choisir le traitement de fond de sujets complexes, que permet la fréquence hebdomadaire. On peut aussi oublier le poids des mots et choisir la légèreté de photos ad hoc. C’est clairement la voie choisie. C’est ainsi que l’on doit au Parisien Magazine la photographie d’Arnaud Montebourg, ministre de l’économie (etc.), en égérie du made in France ne portant que des marques tricolores et semblant essayer de nous convaincre d’acheter un mixeur Moulinex, sans avoir l’air très convaincu lui-même. Puis ce fut au tour de Ségolène Royal, qui voulut illustrer le courage en politique en n’ayant pas peur du ridicule, apparaissant en Liberté guidant le peuple, d’après le tableau d’Eugène Delacroix. En moins débraillée tout de même. Madame Royal n’était pas alors au gouvernement. C’est désormais chose faite, François Hollande ayant lui aussi fait preuve de courage en politique, en la nommant ministre de l’Écologie (etc.).
Semblant travailler à donner une certaine unité au gouvernement de Manuel Vals, Le Parisien Magazine continue de tirer le portrait des hommes et femmes politiques « aux affaires ». Vendredi 20 juin, c’était au tour de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, mais aussi du Développement international, de rappeler à notre mémoire l’une de nos gloires nationales, Michel Cardoze !
C’est en effet en Monsieur météo que Laurent Fabius est apparu à la une du Parisien Magazine, semblant venir tout droit d’une réception chez « Monsieur l’ambassadeur », chemise blanche et nœud de papillon. Mais sans la veste. C’est qu’il fallait sembler « proche des gens », nous explique l’hebdo, raison pour laquelle nous avons ainsi échappé, suite à un refus du ministère, à la pose aux côtés d’un pauvre ours polaire empaillé.
Mais pourquoi diable notre ex-plus jeune Premier ministre se retrouve-t-il ainsi en couverture à montrer du doigt un cyclone tropical dans le golfe du Mexique arrivant sur les côtes méridionales des États-Unis, sur une carte dont le Nord pointe à gauche ? Sur l’orientation de l’image satellitale, on peut évoquer tout aussi bien l’incompétence des journalistes qu’un message caché en direction du gouvernement, la boussole donnant la direction à suivre. Pour le reste, le magazine nous renseigne. Laurent Fabius a lu les romans du GIEC et, tel un Don Quichotte, relève le défi de « sauver la planète ». Il n’a plus que 500 jours pour cela, le temps nous séparant de la 21e Conférence des Parties (COP21) devant se tenir à Paris à la fin de l’an prochain (Paris Climat 2015). C’est donc que Dame Nature nous offre une nouvelle opportunité de sauver le climat, après l’échec de Copenhague (COP15), qui était pourtant notre dernière chance. Il faut dire que nous n’avions déjà plus que 5000 jours pour sauver la planète en 1990, d’après un livre d’Edward Goldsmith. Un délai révolu depuis quelques années déjà. La fin est décidément constamment ajournée.
Al Gore le lui a dit, « c’est le job le plus difficile du monde ». On veut bien le croire ! Le réchauffement climatique marque une pause depuis plus de quinze ans ; les médias étrangers osent de plus en plus souvent mettre les pieds dans le plat, critiquant le dogme du caractère anthropique de l’évolution climatique ; un certain nombre de pays ne veulent plus guère jouer un rôle dans cette mascarade ; personne, à part la France, n’a voulu de l’organisation de cette COP21 décisive. Mais la diplomatie française est à l’œuvre pour faire entendre raison : il faut limiter le réchauffement à 2 °C d’ici la fin du siècle, sans quoi « nous entrerions dans l’inconnu et le chaos ». Pour le ministre, on ne sait pas vers quoi l’on irait, mais ce ne serait pas bon du tout. Et peu importe le manque de logique des propos.
Fabius n’est heureusement pas seul. Notre ingénieux Hidalgo a avec lui une fine « équipe de France du climat » composée d’éminents spécialistes de la question. Les deux principaux sont connus : Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planètre depuis le 6 décembre 2012, et l’économiste et spécialiste du développement durable Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique depuis le 3 juin de cette année. Cette dernière serait, d’après Laurent Fabius, « une spécialiste mondialement connue des questions climatiques ».
Les douze autres sont moins médiatiques. Retenons tout de même l’incontournable Jean Jouzel, climatogue (comprendre géochimiste glaciologue), et le plus discret Hervé Le Treut, climatologue lui aussi (comprendre modélisateur).
Notre ingénieux Hidalgo et son équipe devront faire de Paris Climat 2015« une étape décisive dans la négociation du futur accord international pour l’après-2020 »,« avec comme objectif que tous les pays, dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre – pays développés comme pays en développement – soient engagés par un accord universel contraignant sur le climat ». Du dire au faire, la distance est grande. Néanmoins, la France sera peut-être rejointe par l’Union européenne, qui examine l’option de faire siens nos objectifs nationaux : diminuer de 40 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Difficile d’imaginer la communauté internationale s’alignant sur une telle ambition. Mais nous ne manquons pas d’arguments. Le greenwashing (ou écoblanchiment !), s’appuyant sur d’intensifs cours de pipologie, doit aider à infléchir les résistances à un accord à Paris. « L’accord devra enfin mettre en œuvre un changement de paradigme, prenant en compte le défi climatique non comme un nécessaire « partage du fardeau » des émissions, mais également comme une opportunité de créations d’emplois et de richesses, d’invention de nouveaux modes de production et de consommation ». « Énergies renouvelables, transports, bâtiment… Nous devons mettre tout ça dans l’accord, et pas seulement des grands chiffres qui ne disent rien aux gens » explique Laurence Tubiana au Parisien Magazine. C’est ainsi que le parc automobile français devrait comprendre peut-être jusqu’à 30 % de véhicules électriques d’ici 2030, dans 16 ans seulement. Quelque chose comme une dizaine de millions de voitures électriques ! Qui bien sûr rouleront avec l’énergie produite pas les éoliennes. Don Fabius ne combat pas les moulins à vent, ils s’en fait des alliés. En brassant du vent, nous allons continuer comme avant, mais de manière vertueuse. Ce sera bon pour la planète et bon pour la croissance.
Il faut donc s’attendre à 500 jours (supplémentaires) d’âneries sur le sujet. On sait pouvoir compter sur le personnel politique, ainsi que sur les journalistes. L’interview donnée au journal par Laurent Fabius, creuse et sans surprise, commence d’ailleurs par cette question : « Le 26 mai dernier, la pollution a atteint un niveau historique dans l’hémisphère Nord. Ce record va-t-il accélérer la signature d’un accord international sur le climat en 2015 ? » En guise de pollution, il s’agit de la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone, qui n’a rien d’un polluant. Laurent Fabius, qui ne rebondit pas sur cet aspect de la question, ignore probablement tout et de la (non) toxicité du CO2 et de sa concentration dans l’air qu’il respire.
Malgré l’unanimité affichée des médias français sur le réchauffement climatique, une partie non négligeable de la population reste trop peu préoccupée par la question. C’est la raison pour laquelle le ministre a reçu au Quai d’Orsay les principaux présentateurs météo pour un petit déjeuner de travail le 3 juin dernier. Une branche du journalisme indépendant très utile pour faire passer le message officiel.
Au programme, « explorer les différentes manières qui pourraient être mises en œuvre pour sensibiliser le grand public aux enjeux climatiques ». Autrement dit, comment en remettre une couche, efficacement cette fois-ci ? Pour permettre des échanges consensuels, les organisateurs se sont souciés de ne pas convier de trouble-fête. Laurent Cabrol, clairement climato-sceptique, n’a pas été invité. De même que Louis Bodin, qui, sans remettre très clairement en cause le réchauffement climatique anthropique, reste très prudent et mesuré quand il s’agit d’expliquer les phénomènes météorologiques extrêmes et de les resituer dans l’évolution séculaire du temps qu’il fait. De plus, c’est le seul présentateur médiatique qui soit aussi et d’abord ingénieur-prévisionniste. On imagine la tête qu’auraient faite ces deux-là lorsque Laurent Fabius a proposé l’expression « chaos climatique » à la place de réchauffement climatique, sans doute trop impropre depuis que les indicateurs thermiques planétaires ne collaborent plus avec les alarmistes qui les ont créés.
Les mensonges proférés sur l’évolution climatique vont continuer de plus belle. Gageons qu’ils permettront à terme de révéler une autre vérité : l’incompétence et/ou la malhonnêteté des alarmistes de tout poil qui nous promettent le « chaos climatique » pour demain, s’il n’est déjà à l’œuvre. Nulle surprise que nous assistions à une véritable fuite en avant dans les prévisions apocalyptiques pour dans moins d’un siècle, car, comme le dit un proverbe juif, avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour.